MARTINIQUE

Une des principales terre de production de rhums agricoles, la Martinique compte aujourd’hui 9 distilleries encore en activité.

Distillerie A1710
La distillerie A1710 produit uniquement les rhums de la marque A170.

Distillerie Depaz
La distillerie Depaz produit les rhums des marques Depaz et Dillon.

Distillerie Habitation Beau Séjour
La distillerie Habitation Beau Séjour produit uniquement les rhums de la marque Habitation Beau Séjour.

Distillerie JM
La distillerie JM produit uniquement les rhums de la marque JM.

Distillerie La Favorite
La distillerie La Favorite produit uniquement les rhums de la marque La Favorite.

Distillerie La Mauny
La distillerie La Mauny produit les rhums des marques La Mauny, Trois Rivières et Duquesne.

Distillerie Neisson
La distillerie Neisson produit uniquement les rhums de la marque Neisson.

Distillerie Saint James
La distillerie Saint James produit les rhums des marques Saint James, J.Bally, Hardy,   Héritiers Madkaud et baie des tresors.

Distillerie Simon
La distillerie Simon produit les rhums des marques Clément et HSE. Braud & Quenesson

La Martinique se distingue par son AOC spécifique.

Entre 1970 et 1990, la consommation de rhum en France métropolitaine a été divisée par deux. Afin de protéger le rhum agricole de Martinique, et d'obtenir dans l'esprit du consommateur un statut de boisson haut de gamme compatible avec son coût plus élevé, la décision a été prise de faire campagne pour obtenir une Appellation d'Origine Contrôlée (AOC). 

C'était également l'occasion d'apporter la reconnaissance de la typicité du produit et d'un savoir-faire unique.

Après de longues années de négociations, l’AOC rhum de Martinique sera délivré à partir de novembre 1996.

C’est le premier alcool blanc produit en dehors de la France métropolitaine à bénéficier d’une telle mesure. 

Les critères de l’AOC

Pour obtenir le label, un rhum doit remplir de nombreuses conditions depuis la sélection des cannes jusqu’au vieillissement en passant par les techniques de distillation :

  • Distillation exclusivement à partir de pur jus de cannes à sucre fraîchement broyé

Culture

  • Seule une sélection de 12 variétés de cannes est autorisée et leur origine est encadrée
  • dates de récolte encadrées entre le 1er janvier et le 31 août
  • parcelles délimitées et approuvées par l’AOC (23 communes)
  • durée annuelle d’irrigation limitée
  • épandage de substances sur la canne interdit
  • rendements à l’hectare limités

Production

  • teneur en sucre minimale du jus de canne vérifiée
  • méthode de fermentation définie (types de levures, durée, température)
  • distillation unique en continu en colonne créole dont les caractéristiques sont définies (nombre et types de plateaux, dimensions) 
  • période de distillation définie 
  • degré d’alcool entre 65% et 75% en sortie de la colonne
  • ajout de sucre est interdit. Néanmoins, il est possible d'ajouter du caramel selon certaines limites pour adapter la coloration du rhum

Vieillissement

  • préparation minimale de 6 semaines pour les rhums blancs
  • vieillissement de 12 à 18 mois en futs ou foudres de chêne pour le rhum élevé sous bois (ambré)
  • vieillissement de 3 ans minimum pour les rhums vieux en fut de moins de 650 litres 
  • le vieillissement du rhum doit impérativement s’effectuer dans l’aire de production et en futs de chêne
  • Les finitions sont possibles si elles sont en adéquation avec le taux d'obscuration et le jury de dégustation
  • Lors de la mise sur le marché, le rhum doit présenter un titre alcoolique supérieur à 40%

Tous ces critères sont vérifiés par contrôles et analyses. La validation finale est délivrée par un jury d’experts qui s’assure de sa typicité.

Ces critères étant extrêmement contraignants ou tout simplement pour des raisons géographiques ou des choix de techniques de production personnelles, certains producteurs ne recherchent pas l’AOC pour tout ou une partie de leurs cuvées. Le savoir-faire étant là, les produits fabriqués hors AOC donnent également de grands rhums. 

GUADELOUPE

Coincée entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique, la Guadeloupe est un chapelet d’îles très diversifiées dans les Antilles françaises. Grande-Terre, Basse-Terre, Marie-Galante ou encore les Saintes, autant de noms qui évoquent plages de sables blanc et cocotier. Un climat exceptionnel permet à la canne à sucre de s’y épanouir pour produire du sucre, du rhum agricole et du rhum traditionnel.

La production annuelle de rhum en Guadeloupe atteint environ 8 millions de litres d’alcool, dont les rhums agricoles représentent 43 %, contre 57 % pour les rhums traditionnels de sucrerie. 

L’industrie rhumière est constituée d’unités de production familiales, dont 70% sont encore de petites unités. 

Contrairement à la Martinique, la Guadeloupe a conservé une forte activité sucrière avec les sucreries de Grande Anse sur l’île de Marie Galante et Gardel sur l’île de Grande-Terre.

Des 600.000 tonnes de cannes produites annuellement, 10% seulement sont destinés à la fabrication de rhum agricole. Les 90 % restants sont transformés dans les sucreries. Or, la production de sucre engendre une production de mélasse, à raison d’environ 43 kg de mélasse par tonne de canne traitée, soit près de 23 000 tonnes de mélasse chaque année.

Une seule unité distille du rhum de mélasse sur l’archipel, la distillerie Bonne Mère située à Sainte Rose. Elle achète la mélasse fraîche des deux sucreries pour produire des rhums révélant d’intéressantes notes balsamiques. Les rhums de mélasse entrent dans la composition de nombreuses marques régionales et nationales : Négrita, Old Nick, Darboussier, Fajou, Contrebande, punchs et arrangés de Madras

Les autres distilleries produisent des rhums exclusivement agricoles : Damoiseau, Bologne, Longueteau, Montebello Reimonenq et Papa Rouyo sur les îles de Grande Terre et Basse Terre, Bellevue, Bielle et Père Labat sur l’île de Marie Galante. A cela il faut ajouter les marques de rhum Karukera, Séverin, les punchs Mabi,… qui ne disposent pas de leur propre unité de fermentation/distillation.

On retrouve également des assemblages de rhum traditionnel et de rhum agricole, par exemple chez Karukera et Damoiseau. 

Une Indication Géographique Protégée (IGP) datant de janvier 2015 fixe les conditions de production des rhums de Guadeloupe. Elle vise à garantir l’origine géographique, mais aussi la qualité, la réputation ou toute autre caractéristique pouvant être attribuée à la production guadeloupéenne.

Les critères de l’IGP

Le cahier des charges de l’IGP Guadeloupe s’est voulu suffisamment souple ; il fixe une obligation de moyens et non de résultats, puisque les rhums destinés à l’embouteillage ne sont pas soumis à l’approbation d’un comité de dégustation. L’IGP fixe un cadre autour des techniques de production, tout en laissant suffisamment de liberté aux producteurs. Les parcelles ne sont pas figées. Il s’ensuit une très grande diversité de produits. L’IGP  permet à chaque distillerie d’élaborer un style qui lui est propre et par conséquent de se différencier dans le monde du rhum.

1) Une IG pour des rhums agricoles et de mélasse 

L’IGP Guadeloupe reconnaît deux types de rhum : le rhum agricole et le rhum dit industriel. 

2) Le rendement à l’hectare

Théoriquement, l’IGP ne pose aucune limitation quant au rendement de production de canne à l’hectare.

3) Les variétés de cannes

Toutes les variétés sont acceptées par l’IGP. Le choix d’une variété est fonction de son adaptation au terroir. La canne blanche, jaune, rouge, bleue, grise (Bielle) ou encore noire (Bologne) sont les variétés les plus cultivées pour la production des rhums agricoles.

Mais bien que toutes les variétés soient acceptées par l’IGP, les producteurs font face à d’autres contraintes. Ainsi, la variété de canne ne peut être trop fibreuse afin que le jus puisse être extrait dans des moulins. Si la récolte est mécanique, le choix se porte également sur une variété qui s’effeuille assez facilement par ventilation. En effet, une feuille trop bien attachée à la tige se retrouvera dans le bac de réception de la canne tronçonnée, ce qui peut avoir des conséquences indésirables sur le produit final. Cette contrainte ne s’applique pas à une récolte manuelle, puisque le coupeur éliminera lui-même les feuilles.

4) Irrigation et épandage

Il est évident que la quantité d’eau reçue par les cannes tout au long de leur développement est l’un des facteurs clés du rendement d’une parcelle. Dans l’archipel guadeloupéen, soumis à une saison sèche (de décembre à mai) et à une saison humide (de juin à novembre), il existe de fortes disparités de précipitations d’une région à l’autre. L’irrigation, bien qu’autorisée par l’IGP, et qui pourrait avoir un impact favorable sur les rendements dans les régions les plus sèches, est néanmoins peu pratiquée pour des raisons économiques et écologiques.

Les vinasses résultant de la production de rhum représentent des volumes importants dans chaque distillerie, mais aussi dans les sucreries. Elles constituent des amendements intéressants. L’IG en autorise leur épandage mais sous certaines conditions. Elles doivent être préalablement dégradées par aération dans des bassins pour en réduire la charge organique (DCO) et éviter la pollution des nappes et des sols. Elles sont alors mélangées le plus souvent à la bagasse pour être épandues sur les sols, après analyse de la vinasse et autorisation de la direction de l’environnement.

5) Période de récolte et de distillation

D’après l’IGP, la récolte de la canne peut être réalisée tout au long de l’année, bien qu’en pratique elle n’ait lieu qu’en saison sèche, au moment où la canne atteint sa pleine maturité. 

La distillation est elle aussi autorisée toute l’année par l’IG. Pour les rhums agricoles, la distillation a lieu en période de récolte puisque la canne fraîche doit être traitée rapidement, et le jus fermenté qui en résulte directement distillé. La mélasse pouvant être conservée pendant plusieurs mois, sa distillation est possible tout au long de l’année.

6) Conduite des fermentations

Aucune règle n’est imposée par l’IGP sur la fermentation, si ce n’est l’obligation de procéder à une fermentation discontinue, c’est-à-dire par cuvées.

Levures de boulangerie, levures sélectionnées, levures indigènes ou levures propres isolées et cultivées (comme chez Bologne), chaque distillerie est libre de procéder comme elle l’entend.

7) Distillation continue en colonne, discontinue en alambic ou en colonne multi-étagée

L’indication géographique autorise la distillation selon plusieurs techniques, pour les deux types de rhum.

La colonne continue multi-étagée avec reflux (aussi appelée colonne créole) : la plus pratiquée, elle  permet de produire des rhums aux profils aromatiques variés. La hauteur de la colonne comme le nombre de plateaux et leur diamètre influent sur le profil aromatique du distillat en sortie, et chaque distillerie peut donc avoir son style propre. La zone d’épuisement est cependant fixée à 15 plateaux minimum et la zone de concentration à 50 plateaux maximum.

Il n’y a en revanche aucune restriction sur le diamètre des colonnes, et l’IGP n’impose pas le cuivre pour la colonne de concentration.

Le distillateur est libre de réaliser le tirage à différents niveaux de la colonne.

Le taux d’alcool de coulage  est fixé à maximum  90%, quel que soit le type d’appareil utilisé. 

La distillation discontinue en alambic à repasse dans une chaudière de maximum 3000 litres est également autorisée. 

La distillation discontinue multi-étagée dans un alambic de style Muller ou privat est également possible.

8) Vieillissement tropical obligatoire

Le vieillissement tropical est obligatoire pour revendiquer l’IGP. Les rhums ambrés et vieux doivent impérativement être vieillis sur l’archipel. Quant à l’embouteillage, il peut être réalisé sur le continent, quel que soit le type de rhum, jeune ou vieilli. Un élément qui pourrait être favorable à l’IG alors que le prix du transport maritime vient de connaitre de très fortes hausses.

LA REUNION

Dès le début de la culture de la canne à sucre sur l’île Bourbon au 17e siècle, son jus sucré est utilisé pour produire de l’alcool. Au fil des siècles, l’artisanal fangourin des origines (jus de canne fermenté) deviendra l’arak, puis le guildive et enfin le rhum que nous connaissons aujourd’hui. 

Le rhum est ainsi intimement lié à l’histoire de La Réunion et à son identité.

A partir de 1704, les premiers alambics permettent de produire de l’eau de vie appelée Arak ou Guildive, et la première distillerie moderne est créée en 1815 avec le début de l’industrie sucrière à La Réunion. L’essor de cette industrie va prendre le pas sur la production de rhum, qui ne se fera quasiment plus qu’avec les résidus de la fabrication du sucre (mélasse), et non plus avec le jus de la canne broyée (vesou). 

En 1860, l’ile de la Réunion compte 120 usines sucrières et 40 distilleries et le rhum est exporté vers la métropole à partir de la fin du XIXe siècle. C’est dans les années 1930 que naîtra le rhum arrangé, issu des traditions malgaches et réunionnaises, qui consiste à mélanger du rhum avec des plantes, des épices ou des fruits de saison. Le rhum arrangé deviendra une spécialité de l’île.

La Réunion compte encore 31 distilleries en 1928, mais plus que 14 sucreries-distilleries à la fin de la seconde guerre. Depuis, les innovations et les restructurations ont continué de concentrer cette industrie qui ne compte plus aujourd’hui que 2 usines sucrières (Bois Rouge, Le Gol) et 3 distilleries : Savanna, Rivière du Mât et Isautier.

En 1972, les distilleries de la Réunion ont lancé ensemble une marque commune du rhum réunionnais : Charrette. Ce rhum produit sous l’étiquette d’un cultivateur de canne tirant sa charrette est aujourd’hui devenu un des emblèmes de la culture réunionnaise. Véritable étendard de La Réunion en France, Charrette est aujourd’hui un des produits réunionnais les plus exportés.

Les distilleries de la Réunion

Il existe 3 distilleries qui produisent et distribuent leur propre rhum à La Réunion. Elles produisent également du rhum vendu sous d’autres marques, notamment Charrette ou Chatel.

Savanna : la distillerie de Savanna située à Bois Rouge à Saint-André distille et met en vieillissement une gamme complète de rhums : rhum blanc (traditionnel et agricole), rhum ambré, rhum vieux, rhum millésimé, punch, rhum arrangé, très largement récompensés dans de nombreux concours.

Rivière du Mât : la distillerie de la Rivière du Mât située à Saint-Benoît est une des plus anciennes et aussi la plus grande par son volume de production. Elle produit et distribue une gamme diverse de rhums : blanc (traditionnel et agricole), ambré, vieux, grande cuvée.

Isautier : la distillerie familiale Isautier située à Saint-Pierre produit toute une gamme de rhums variés, de punchs, et de rhums arrangés. Elle abrite aussi la Saga du Rhum, un musée sur le rhum et sa fabrication.

Les rhums de la Réunion bénéficient de l’IGP.

ESPAGNE/CANARIES

Le rhum espagnol traditionnel, également appelé "ron", tire son nom de l'époque coloniale, lorsque l'Espagne étendait son territoire en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le style de rhum produit dans ces pays a aujourd'hui une influence commune, héritée de l'histoire de l'histoire coloniale espagnole.

Le rhum espagnol traditionnel est un rhum léger fabriqué à base de mélasse, distillé en plusieurs rangées d'unités, généralement très doux.

L'une des clés de cette tradition espagnole est l'héritage du style cubain : l'aguardiente. Après avoir appris à fabriquer le rhum le plus léger et le plus pur, les Cubains se sont tournés vers l'ancienne méthode, en utilisant un équipement plus traditionnel pour produire des aguardientes plus forts et plus aromatiques. Ils les inséraient ensuite dans du rhum léger pour créer un mélange équilibré.

Il existe également la méthode de la Solera. Cette méthode de vieillissement s'inspire des caves à vin andalouses, où sont élevés les vins de Sherry (Xérès). Elle consiste en une structure de barils empilés, avec la plus ancienne eau-de-vie en bas et la plus jeune en haut. Lorsque vous tirez du rhum du niveau inférieur pour la mise en bouteille, vous complétez le niveau supérieur, et ainsi de suite. Ainsi, des rhums de différents âges sont assemblés tout au long du vieillissement, les plus vieux "éduquant" les plus jeunes.

Parmi les rhums de tradition espagnole, on retrouve notamment ceux de la rhumerie Diplomatico située au Venezuela ou encore la distillerie cubaine Matusalem.

La première distillation de canne à sucre, pour faire de la mélasse, a eu lieu aux îles Canaries. Mais la trace la plus concrète remonte à l'Amérique du Sud au XVIe siècle. La canne à sucre et la distillation furent rapidement introduites, mais cette dernière était très primitive et de mauvaise qualité.

L'eau-de-vie de canne à sucre a passé un certain temps à s'établir en Amérique du Sud et dans les colonies espagnoles des Caraïbes, notamment car les Espagnols ne sont pas très intéressés par la canne à sucre et le sucre mais plutôt par l'or.

À l’époque, le seul vrai rhum consommé là-bas est le rhum importé. Les autorités royales et religieuses ont en outre empêché leur consommation. Les raisons en sont l'hygiène, l'ordre public et la concurrence de l'alcool du vieux continent.

Pendant longtemps, cela a conduit à des mesures répressives contre les petites distilleries du continent sud-américain. 

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Espagnols ont vraiment concentré leur attention sur leurs colonies continentales, ignorant les Antilles. Après avoir modernisé les usines au début du XVIIe siècle, Cuba a produit une petite quantité de rhum, mais ces améliorations n'ont permis que la survie de l'industrie sucrière.

ILE MAURICE

L'histoire agitée du rhum à Maurice

Spécialité historique de la région, le rhum de Maurice a une histoire presque aussi longue que celle de l’île. 

L’introduction de la canne à sucre par les hollandais

Les hollandais arrivent sur l’île en 1639 et y introduisent la canne à sucre quasiment immédiatement, en la faisant venir depuis l’île de Java.
Le développement de la production de canne à sucre est lent car la population sur place ne s’y intéresse que tardivement et certains champs sont entièrement ravagés de maladies durant la seconde moitié du XVIIe siècle.
En 1710, les hollandais abandonnent l’île et la production de canne à sucre et détruisent toutes les installations ayant servi à la production. Celle-ci est mise entre parenthèses pour quelques années.

L’arrivée des Français et la reprise de la production

Les français arrivent 5 ans plus tard sur l’île, en 1715 et le nom de l’île est modifié en “l’isle de France”. Malheureusement, les français ne sont pas au courant des méthodes de production des hollandais donc la production met du temps à redémarrer.
Les premières sucreries apparaissent en effet autour de 1740 grâce à l’officier Mahé de la Bourdonnais. Cependant, les distilleries produisent un très mauvais rhum, appelé “Guildive”, dérivé de l’anglais “kill devil”.

Le succès de l’exportation

En 1809, la France donne à Maurice l’exclusivité de la production de rhum face à son concurrent voisin, l’île de La Réunion. Ainsi, en 1830, on compte 135 distilleries sur l’île !
Cependant, l’île a déjà été reprise par les anglais (en 1814), au moment de la chute de Napoléon. 
Les producteurs de l’île obtiennent l’autorisation de vendre la production sur le marché anglais mais aussi d’exporter à Madagascar, aux Seychelles et en Afrique Occidentale. Ainsi, la production augmente. 

Le rhum victime de la politique

La population locale consomme aussi du rhum, sous la forme de grog appelé “topette”, mais sa popularité diminue au fur et à mesure en raison de la mauvaise qualité de l’alcool due à une distillation mal faite. En 1933, l’alcool mal distillé sera même interdit sur l’île, seule la production de rhum traditionnel restant autorisé (le rhum agricole devient interdit). 
Avec la fin des colonies, la production diminue car les importations diminuent et les produits sont très taxés. La production devient en grande partie clandestine. 

La production de rhum reprend lors de la Seconde Guerre mondiale, puisque l’alcool est exporté pour les soldats de Grande-Bretagne sur le front. Elle connaît même un sursaut lorsque le rhum commence à être utilisé comme du carburant pendant une pénurie d’essence.

La production après l’indépendance

En 1968, Maurice devient indépendante et prend le nom qu’on lui connaît actuellement aujourd’hui. 
Les producteurs de rhum appliquent aux pays européens des tarifs préférentiels pour l’exportation de rhum, mais la production de rhum agricole est interdite. En effet, les autorités locales la considèrent comme du gâchis de jus de canne. Seul du rhum traditionnel est produit, avec de la mélasse.
Depuis, le rhum mauricien est largement monté en gamme, et quelques distilleries se partagent sa production sur l’île.

 

En l’an 2000 sont signés les accords de Cotonou grâce auxquels Maurice bénéficie pour encore quelques années de tarifs préférentiels à l’exportation vers l’UE de son sucre. Mais cet avantage doit prendre fin en 2009. Le gouvernement et les industriels mauriciens cherchent alors de nouveaux débouchés pour leur agriculture qu’ils trouvent, entre autres, dans le rhum en s’inspirant fortement de la qualité des rhums agricoles martiniquais et de leur label AOC. 

Dès 2001, l’Etat met en place le « Sugar Efficiency Act » qui autorise à produire du rhum agricole. 

 

En 2003, l’Etat cherche à définir un label mauricien pour le rhum. Dans la loi de finance du 21 juillet, le rhum agricole est défini ainsi : «Rhum agricole» désigne un produit obtenu exclusivement par la fermentation alcoolique et la distillation du jus de canne à sucre, présentant les caractères aromatiques spécifiques du rhum et ayant une teneur en substances volatiles égale ou supérieure à 225 grammes par hectolitre d’alcool à cent pour cent par volume et concernant la bouteille à la consommation, à un titre alcoométrique minimal de 37 pour cent par volume et un maximum de 50 pour cent par volume ».

Le rhum mauricien connaît dans les années 2000 une expansion formidable et une montée en gamme. Dès 2003, la distillerie Saint-Aubin entame la production du tout premier rhum agricole de l’île. 

En 2006, le rhum agricole Chamarel est créé par la famille Couacaud, propriétaire d’hôtels sur l’île et en fin 2011, cette distillerie présente son premier rhum vieux. Cela concerne une production d’environ 2000 bouteilles. Deux types de distillation sont pratiquées sur place, la distillation dans une colonne et la distillation par alambic à repasse. 

En 2008, la Rhumerie des Mascareignes récemment renommée Château Labourdonnais, sort son premier rhum agricole. Les exportations de rhum agricole démarrent doucement ; en 2008 elles s’élèvent à 725 litres…mais l’année suivante, elles grimpent à 3886 litres. 

 

En 2011, la production de rhum agricole sur l’île était de 150 000 litres. 

 

Aujourd’hui quatre distilleries produisent du rhum agricole : ChamarelOxenhamMascareignes et Saint-Aubin.

 

Parmi les marques mauriciennes aujourd’hui commercialisées, nous trouvons : St Aubin, L’Amitié, White Rum, Tilambic 151 Overproof Rum, Frégate, Bougainville, Green Island, Flamboyant, New Grove, Starr Efrican rhum, Arcane, Pink Pigeon, Penny Blue, Chamarel ou Labourdonnais.

 

Le rhum mauricien est présent dans les différents salons internationaux en Asie, en Amérique et en Europe. 

En Avril 2014, au premier salon RumFest Paris, les rhums de l’Ile de Maurice étaient à l’honneur.

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